La Styliste Gabonaise Justine Adande Bien

 


 

 

La Styliste Gabonaise Justine Adande Bien Décidée À Réussir Son Pari Publié 4 octobre 2017 Vous le constaterez dans son regard, Justine Adande est une femme déterminée. Bien décidée à devenir styliste dans un pays où l’industrie de la mode est encore en construction, elle crée sa marque de prêt-à-porter. Depuis 2013, JUTU (Just Universal Bantu) se hisse progressivement au rang des marques de référence dans l’univers de la mode gabonaise. Après un défilé remarqué à Londres au mois d’août, la styliste qui monte a accepté de répondre à nos questions.

 

 

Vous vous définissez comme une autodidacte dans la mode. Comment en êtes-vous arrivée à vous professionnaliser ?

Je me définis d’abord comme une passionnée de la Vie, du Monde, des Arts et surtout de l’Afrique. J’ai toujours nourri un intérêt certain pour la mode ; JUTU c’est d’abord un concept qui vise à valoriser nos cultures et notre héritage.

Notre Marque se veut innovante et moderne en alliant métissage, tradition et culture. Par ailleurs, nous avons à cœur de travailler avec une main-d’œuvre exclusivement africaine, du « Fait en Afrique pour les citoyens du monde entier ».

Aussi, pour me professionnaliser, j’ai commencé à prendre des cours de dessin. J’ai de bonnes inspirations mais il est souvent plus délicat de les plancher sur papier, c’est une autre paire de manches. D’autre part, je me suis entourée d’artisans qui ont le sens du détail et des finitions.

JUTU c’est d’abord une exigence au niveau de la qualité, nous prenons énormément de temps à sélectionner nos produits. Les thèmes et les tenues des différentes collections sont choisis de manière à se démarquer, tout en étant innovant et moderne afin de sublimer nos clients.

Vous avez lancé votre marque en 2013, 4 ans plus tard quel premier bilan faites-vous ?

4 ans plus tard nous en sommes à notre 5ème collection. Des collections qui ont rencontré leur public avec un succès qui va au-delà de ce que nous pouvions espérer. Avec plusieurs défilés dont un à Londres le 12 août dernier, qui a eu un franc succès et qui a suscité l’intérêt d’éventuels partenaires. C’est plutôt positif.

Avec quels types de tissus travaillez-vous principalement et pourquoi ce choix ?

Je travaille principalement le coton, le lin, la soie et la crêpe légère. En fonction des collections ou des pièces, j’y ajoute du pagne, des tissus imprimés ou de l’indigo (couleur bleu violacé) comme dans la dernière collection. JUTU symbolise le MULTICULTURALISME, de par le métissage des cultures, des styles et des matières premières. Aussi, je souhaite valoriser et mettre en exergue cette identité et ces influences africaines par le choix de ces matières premières.

Quelle est la pièce phare de votre marque ? Celle qui reflète le mieux votre vision ?

La pièce phare de ma marque est le Kimono appelé « KIMOCAPE ELLAM ». C’est un kimono réversible qui a la particularité de se porter en cape (avec ou sans ceinture), c’est une pièce 100 % Coton. Le kimono est un vêtement traditionnel japonais, et la première cape date de l’Empire romain. J’ai revisité le kimono en faisant du 2 en 1. Pour ce faire, j’ai utilisé du pagne, du coton, de la dentelle, de la soie voire de la crêpe légère pour certaines commandes. Ceci symbolise bien ma définition du multiculturalisme.

Au départ du Gabon, ce kimono a traversé différentes destinations, telles que, L’île Maurice, la Grèce, la France, Miami, New York, la Chine et même la Russie. Il est adapté pour tous types d’événements et j’en ai vendu une cinquantaine, toutes des pièces uniques.

« Notre travail est rarement encouragé et pris au sérieux par les nôtres »

Quel regard portez-vous sur le secteur de la mode au Gabon ? Peut-on en vivre ?

Aujourd’hui c’est un secteur qui se professionnalise et surtout qui se développe. J’espère que cela permettra à l’ensemble des stylistes de pouvoir en vivre. Mon opinion est qu’il y a encore certains facteurs qui relèvent plusieurs obstacles notamment :

La production: produire des pièces de qualité en quantité;
le textile: avoir du choix dans les matières premières et surtout à des prix raisonnables;
la main-d’œuvre: trouver du personnel sérieux et qualifié;
la distribution: une problématique pour le développement de ce secteur. Très peu de moyens sont mis en œuvre pour favoriser la distribution de nos produits;
les mentalités: malheureusement et sans aucun jugement de valeurs, notre travail est rarement encouragé et pris au sérieux par les nôtres.
L’Afrique fera un grand bond en avant lorsque les Africains seront solidaires et consommeront des produits « Made In Africa ».

Le 12 août dernier, vous présentiez vos créations lors de l’Africa Fashion Week à Londres (AFWL 2017). Une belle reconnaissance de vos talents de designer. Racontez-nous cette expérience.

En effet, ce fut une belle expérience et un honneur de participer à la 7ème Edition de l’Africa Fashion Week London (AFWL 2017). En tant que marque, il est très important pour nous de contribuer à tous types d’événements qui visent à promouvoir l’Afrique par des talents africains ou par le travail des Africains. Nous y avons présenté notre Collection « Eclethnik », Printemps-Eté 2018. « Eclethnik », c’est un mélange « éclectique et éthnique ». Cette collection a été inspirée par la beauté de l’indigo d’une part et le mélange d’imprimés d’autre part.

AFWL était une très belle plateforme pour montrer les diversités d’Afrique, l’influence africaine dans le monde et surtout une belle plateforme d’échanges et d’affaires. Au-delà du fait que Londres soit la 2ème capitale de la mode selon les statistiques, c’était également une opportunité pour représenter nos pays, notre culture, de ce fait notre Héritage au monde.

Le talent gabonais est de plus en plus reconnu à l’étranger. Comment expliquez-vous l’évolution de ces dernières années, notamment dans la mode ?

L’Afrique de par son essence et sa culture a toujours inspiré de nombreux artistes dont les stylistes ; et le Gabon n’échappe pas à la règle. Nous avons beaucoup de stylistes qui ont su faire un travail d’exception et aujourd’hui force est de constater que c’est un secteur qui est en train de se structurer, s’organiser et surtout se développer.

Que nous réserve JUTU pour les prochains mois ?

Aujourd’hui notre priorité est de lancer notre site internet qui permettra de retrouver l’ensemble de nos collections en ligne puis de faire des précommandes. Nous comptons aussi étendre notre réseau de distribution sur le continent africain et en Occident grâce au e-commerce. Par ailleurs, nous travaillons également à l’organisation de notre prochain défilé.

Comment et où peut-on se procurer vos créations ?

Vous pouvez trouver nos créations au Village Olamba situé à Glass en face de l’immeuble Hassan et Heijeij.

Merci Justine Adande de nous avoir fait découvrir votre marque.

Merci à vous pour votre intérêt pour notre marque, merci de nous avoir donné l’opportunité de présenter le concept JUTU. Ce fut un plaisir d’échanger avec vous.

 

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