Chez fashions-addict.com nous avons décidé cet été de partir à la rencontre de la Mode Africaine. Une mode qui souffre d’un manque de visibilité au-delà des frontières de l’Afrique.
Pourtant le travail des créateurs africains méritent notre attention car il est riche d’une culture et d’un environnement exceptionnel. S’inspirant de la sculpture, de la peinture et de l’artisanat, la Mode Africaine est éblouissante de part sa créativité, son originalité et sa richesse des matières et tissus.
Rendez-vous pris en Afrique Centrale et plus précisemment au Gabon et au Cameroun pour nous imprégner d’une culture et d’un mode de vie afin de mieux comprendre la mode en Afrique. Basé sur la tradition, l’image que nous avons du vêtement africain est avant tout colorée aux motifs prononcés s’inspirant de la peinture. Mais la mode africaine ne se résume pas à une image stéréotypée qui ne correspond pas aux racines d’une culture qui s’est vu imposée lors de la colonisation des couleurs souvent criardes, elle a une vraie existence. Les meilleurs batiks (technique d'impression des étoffes) viennent de Hollande ou de Manchester. C’est une forme de colonisation culturelle. L’Afrique, c’est surtout le bogolan (tissu teint suivant une technique utilisée au Mali, Burkina Faso, Guinée) avec deux couleurs maximum, parmi l’ocre, l’indigo le noir ou le blanc par exemple.
Elle subit toutefois un contraste majeure car si elle est reconnue au delà de ses frontières (le Sénégalo-Malien Xuly Bët (photo ci-contre à droite) a su s’imposer en France ou le Nigérien Alphadi qui a une boutique à Paris et à Washington) la mode africaine a du mal à exister en Afrique, les africains ayant une forte attraction pour la mode venue des USA ou d’Europe. Il est donc très difficile pour de jeunes créateurs d’émerger dans ces conditions.
Au Gabon le couturier Lazare Chouchou a monté un festival de la mode à Libreville, le " Fashionshowchou " et il commence à avoir une sérieuse réputation. La créatrice Beitch Faro qui travaille les écailles de poissons, les perles et les paillettes en les incrustant dans le tissu a elle gagné le prix du Concours jeunes créateurs du Fima (Festival international de la mode africaine) en 2003. On peut également citer Lea Mono, une créatrice gabonaise bien implantée dans son pays.
La Mode africaine se défend et s’organise grâce à des festivals et des associations mais elle est méconnue, même si depuis 15 ans elle commence à être appréciée.
Le problème est que les Africains eux-mêmes n’achètent pas les créations des designers locaux. Ils n’achètent pas ou peu de produits africains. Les Africains, notamment ceux de la diaspora, sont de gros consommateurs de mode. Pourtant ils ne défendent pas la mode africaine. Ils préfèrent les grands créateurs européens.
Ce manque d’investissements est un vraie problème car toutes les initiatives s’heurtent à des moyens financiers limités. Les défilés, festivals, salons ont dû mal à perdurer.
Juliette Ombang, créatrice de la griffe Black Giraffe, qui utilise pour ses créations des matériaux traditionnels comme le lin ou les écorces, est aussi présidente de la Yaoundé Fashion Week qui tente depuis 2002 de promouvoir les jeunes créateurs. Le festival de la mode « Afric collection » s’impose depuis 2005, comme un rendez-vous incontournable. Il se déroule tous les ans en février à Douala au Cameroun, en 2008, le Défilé des créateurs de mode a réunit pas moins de 18 créateurs dont Alphadi (Niger), le camerounais Imane Ayissi l’un des plus grands créateurs africains actuels ou Paul Hervé Elisabeth (Martinique). Le Défilé concours des jeunes stylistes a lui rassemblé 14 jeunes créateurs dont 9 camerounais. L’Ecole Supérieure du Design de Mode au Cameroun est régulièrement présente pour mettre en lumière le travail de ses élèves.
Les initiatives sont nombreuses et méritent d’être encourager. Les liens entre le textile, la Mode et l’Afrique sont profonds et représentent une vraie richesse qui ne demande qu’à s’exporter. Et le mouvement « mode ethnique » que l’on remarque depuis quelques années en Europe, ne semble pas malheureusement bénéficier à l’Afrique, ce phénomène étant plus une façon de s’inspirer de l’Afrique afin de profiter d’une tendance notamment dans l’accessoire. Pour exploser au niveau international la Mode Africaine doit s'imposer sur son continent, être soutenue par les autorités et se découvrir dans le cadre de la francophonie notamment.
Par Marie Joe Kenfack
Visuel Page d'accueil : Imane Ayissi
No comments:
Post a Comment