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PAGNES GABONAIS


Le trentenaire gabonais est bien décidé à vivre sa passion jusqu’à la gloire : la haute couture.

« Bonjour, c’est Lazare Chouchou. Vous pouvez me laisser un message ou rappeler à 2 heures du matin. Pour l’instant, je fais un petit somme. » La voix est douce mais le répondeur est clair : le styliste gabonais mène une vie d’artiste. Décousue et libre. Il a l’air timide, Lazare Chouchou. Mais ne vous y trompez pas : le trentenaire est fermement décidé à vivre sa passion. Jusqu’à la gloire. De sa province natale de La Ngounié, au sud du Gabon, jusqu’à Niamey, où il présentait début décembre sa dernière collection lors du Festival international de la mode africaine (FIMA), Lazare est devenu une star.
À 9 ans, il aide sa mère, qui coud pour arrondir les fins de mois, et dessine son premier patron. En classe de troisième, il vend des vêtements de sa confection, mais qui ne portent pas encore sa signature. À 19 ans, Lazare se rend à l’évidence : les études de gestion que ses parents l’ont poussé à suivre à Libreville ne l’intéressent guère. Il se décide à se lancer. Mais la couture est un métier encore mal vu pour un homme. À moins qu’elle ne soit « haute ». Aujourd’hui, Lazare est président de l’Association des stylistes et créateurs gabonais et vit de son art.
À Libreville, tout le monde connaît la maison dans laquelle il a installé son atelier et où trois apprentis s’affairent sur des pièces uniques. Dans un coin du salon, une grande malle déborde de modèles, dont certains lui ont fait gagner, en 2002, le prix du meilleur défilé de mode à la Biennale internationale de Design de Saint-Étienne, en France. Par terre, du fil, des chutes de tissu glané au marché Saint-Pierre à Paris, du raphia coloré, du bogolan, des plumes... Toutes les matières sont bonnes à travailler pour ce citoyen du monde. Certes, les couleurs de l’Afrique l’attirent, mais il n’hésite pas à introduire dans ses créations des coupes européennes ou des treillis. Il n’y a pas de géographie dans la mode de Lazare. Même s’il a un petit faible pour Paris. Ah ! Paris, capitale de la création, repère de Saint Laurent, Galliano ou Lagerfeld ! Voilà dix ans qu’il en rêve. Il a déjà exercé dans les plus grands ateliers du continent, dont celui
d’Alphadi, le pape incontesté de la mode africaine. Et estime en avoir fait le tour. Pour faire monter ses mannequins sur les podiums parisiens, Lazare Chouchou a encore du chemin à parcourir. Mais il peut se rassurer : certains de ses modèles, vus ici et là dans l’Hexagone, font fureur. Selon quelques élégantes, « on dirait du Jean-Paul Gaultier ». Version tropicale.

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